Par Fabienne Marchand, Sandra Arditti et Nathaniel Scher
Jusqu’à 70 % des femmes traitées pour un cancer souffrent de sécheresse vaginale. Pourtant, ce problème reste souvent tabou, malgré son impact significatif sur la qualité de vie et l’intimité. La sécheresse vaginale, souvent liée aux traitements oncologiques, entraîne des douleurs lors des rapports sexuels, des irritations et un inconfort permanent, affectant la vie personnelle et de couple. Heureusement, des solutions existent aujourd’hui pour accompagner les femmes dans cette phase délicate.
Comprendre les causes de la sécheresse vaginale liée au cancer
Les traitements en cause
Les traitements contre le cancer, bien qu’essentiels, entraînent des effets secondaires qui peuvent altérer la qualité de vie :
- Chimiothérapie et hormonothérapie : en réduisant la production d’œstrogènes, ces traitements fragilisent les muqueuses vaginales et vulvaires.
- Radiothérapie pelvienne et curiethérapie : ces approches peuvent rendre les tissus secs, rigides, et parfois rétrécir le vagin.
Ces modifications engendrent des symptômes comme des irritations, des infections vaginales ou urinaires à répétition, des douleurs au quotidien et des rapports sexuels douloureux, voire impossibles.
Un impact psychologique et relationnel
Ces troubles peuvent entraîner une baisse de libido et des difficultés dans le couple. Beaucoup de femmes ressentent un sentiment de culpabilité, vivant cela comme une double peine : le cancer et la perte de leur vie intime.
Des solutions innovantes et adaptées
En oncologie intégrative, la médecine intime propose des solutions innovantes et personnalisées pour soulager et traiter la sécheresse vaginale.
1. Acide hyaluronique (Désirial®)
- Action : Hydrate et régénère les tissus de la vulve et du vagin.
- Avantages : Résultats visibles dès 15 jours, optimal à 3 mois.
- Procédure : Injection indolore réalisée en cabinet sous anesthésie locale.
2. Laser vaginal
- Action : Stimule la régénération des muqueuses grâce à une action thermique.
- Limites : Contre-indiqué après radiothérapie pelvienne ou curiethérapie. Ne traite pas la sécheresse vulvaire (uniquement la vaginale).
- Avantages : Résultats dès 15 jours avec 3 séances à un mois d’intervalle.
3. Radiofréquence Vulvo-Vaginale (RFVV)
- Action : Stimule la production de collagène, d’élastine et d’acide hyaluronique (hydratation).
- Particularité : Traite toutes les sécheresses sans contre-indication, y compris après la radiothérapie et la curiethérapie. Traite la vulve et la zone clitoridienne.
- Avantages : Effets visibles dès 3 semaines, avec 3 séances à un mois d’intervalle puis 1 séance d’entretien par an.
4. Photobiomodulation par LED
- Action : Favorise la cicatrisation, réduit les irritations aiguës et traite les infections urinaires et/ou vaginales à répétition.
- Avantages : Technique douce, combinable avec d’autres traitements.
5. Plasma Riche en Plaquettes (PRP)
- Action : Favorise l’auto-réparation des tissus grâce aux facteurs de croissance contenus dans le plasma.
- Avantages : Indiqué pour la sécheresse sévère ou le lichen scléreux.
- Résultats : Premiers effets dès 3 semaines, nécessitant 2 à 3 séances à un mois d’intervalle.
Une nouvelle unité dédiée à la santé intime à l’Institut Rafael
À l’Institut Rafaël, Centre de Médecine Intégrative, une nouvelle unité dédiée à la santé intime des femmes atteintes de cancer vient d’être mise en place. Cette initiative répond au besoin urgent d’une prise en charge globale et personnalisée des patientes, afin de leur permettre de retrouver confort, confiance et bien-être. En intégrant des approches innovantes comme les injections d’acide hyaluronique, la radiofréquence, la photothérapie par LED et d’autres techniques régénératrices, cette unité propose une prise en charge pluridisciplinaire associant oncologues, gynécologues et thérapeutes spécialisés.
L’objectif est clair : permettre aux femmes de surmonter les séquelles physiques des traitements tout en retrouvant une harmonie dans leur vie personnelle et intime. Cette démarche s’inscrit dans la vision globale de l’Institut Rafaël, qui place le bien-être des patients au cœur de ses priorités.
Pourquoi consulter pour une sécheresse vaginale ?
Parler de sécheresse vaginale à son médecin généraliste, gynécologue ou oncologue est essentiel pour retrouver confort et qualité de vie. Plus le traitement est commencé tôt, plus les résultats sont rapides et efficaces.
L’objectif de ces traitements est d’aider chaque femme à se sentir bien dans son corps, en harmonie avec elle-même et son entourage. Grâce aux progrès médicaux, il est désormais possible de retrouver une vie intime épanouie après un cancer.
Sources bibliographiques
- Faubion SS, et al. “Management of genitourinary syndrome of menopause in women with or at high risk for breast cancer: Consensus recommendations from the North American Menopause Society and the International Society for the Study of Women’s Sexual Health.” Menopause, 2018.
- Vignozzi L, et al. “Effects of local estrogen therapy on vaginal health and sexual function in women after cancer treatments.” Journal of Sexual Medicine, 2020.
- Salvatore S, et al. “Vaginal laser therapy: New insights for the treatment of vaginal atrophy.” Climacteric, 2017.
- Samuels JB, et al. “Use of PRP in vulvovaginal rejuvenation and atrophic vaginitis: A clinical review.” Aesthetic Surgery Journal, 2019.
- Leone Roberti Maggiore U, et al. “Non-hormonal strategies for the management of vaginal dryness in cancer survivors.” Critical Reviews in Oncology/Hematology, 2021.
- Marchand F. “Prise en charge des séquelles intimes après un cancer : une approche intégrative.” Revue Onco-Femme, 2023.