Interview dans le dernier numéro de VIVRE de la ligue contre le cancer
LE BON TRAITEMENT
Retrouver une sexualité après un cancer du sein, c’est possible !
Si les traitements prescrits pour lutter contre le cancer du sein ont amélioré considérablement le pronostic vital des patientes, ils peuvent toutefois bouleverser leur vie sexuelle. Pourtant, des techniques efficaces permettent d’améliorer le confort des femmes concernées.
21/06/2023
Par LINDA TAORMINA
L’impact du cancer du sein sur la vie sexuelle a longtemps été un sujet tabou dans le domaine médical. Encore aujourd’hui, la communication médecin-patiente autour de la sexualité est lacunaire. En effet, les professionnels de santé abordent rarement le sujet, la priorité étant donnée aux soins et à la guérison. Pourtant, outre l’impact psychologique du diagnostic, les traitements occasionnent des effets délétères susceptibles d’altérer la vie sexuelle. Dans le cas d’une chirurgie mammaire, qu’il y ait ablation ou pas, reconstruction ou pas, de nombreuses femmes souffrent d’une altération de leur image corporelle, qui peut s’accompagner d’une baisse de l’estime de soi, d’une baisse de la libido, voire d’une dépression.
La radiothérapie provoque une altération des tissus mammaires, et donc une sensibilité exacerbée au niveau de la poitrine, ce qui entraîne des désagrément avec le partenaire au moment d’un rapport sexuel. La chimiothérapie, elle, occasionne souvent de la fatigue, la perte des cheveux, des nausées, des problèmes de transit et parfois une irritation des muqueuses susceptible d’entraver les relations sexuelles.
Quant à l’hormonothérapie, elle consiste à bloquer les œstrogènes, hormones jouant un rôle majeur dans le fonctionnement de la libido, pour éviter qu’elles stimulent le cancer. Résultat : baisse de la libido, sécheresse vaginale, douleurs pendant et après les rapports sexuels, atrophie vulvo-vaginale, bouffées de chaleur, troubles de l’humeur, infections urinaires… autant de facteurs aggravant la diminution de l’intérêt sexuel.
Les changements physiques et fonctionnels qu’induisent les traitements anticancéreux sont autant de contraintes requérant des adaptations du fonctionnement sexuel, tant au niveau individuel qu’au niveau du couple. Heureusement, des solutions existent et sont en bonne voie pour être bientôt prises en charge par la Sécurité sociale (lire le point de vue du médecin).
Dr Fabienne Marchand-Lamiraud,
gynécologue à la Polyclinique Santé Atlantique à Nantes (44)
Le point de vue du médecin
« Lorsqu’elles découvrent que les traitements anticancéreux ont un véritable impact sur leur sexualité, la plupart des patientes tombent des nues ! Elles n’ont pas été informées ou pas suffisamment avant des conséquences de la sécheresse vaginale sur leur qualité de vie. Beaucoup renoncent à la sexualité, ce qui a un impact négatif sur leur couple et leur estime de soi. Dans les cancers du sein, les traitements antihormonaux peuvent être prescrits pendant dix ans. Certaines patientes interrompent leur traitement pour retrouver une qualité de vie et une sexualité épanouissante. Heureusement, des techniques existent pour améliorer leur confort, mais il a fallu deux ans pour que je parvienne à faire voter à l’unanimité l’Assemblée nationale, puis le Sénat, qu’une prise en charge dans le cadre des soins de support soit enfin à l’étude au cabinet du ministère de la Santé. Réponse courant 2023… »
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Dr Fabienne Marchand-Lamiraud,
gynécologue à la Polyclinique Santé Atlantique à Nantes (44)
Le Point de vue du médecin
« Lorsqu’elles découvrent que les traitements anticancéreux ont un véritable impact sur leur sexualité, la plupart des patientes tombent des nues ! Elles n’ont pas été informées ou pas suffisamment avant des conséquences de la sécheresse vaginale sur leur qualité de vie. Beaucoup renoncent à la sexualité, ce qui a un impact négatif sur leur couple et leur estime de soi. Dans les cancers du sein, les traitements antihormonaux peuvent être prescrits pendant dix ans. Certaines patientes interrompent leur traitement pour retrouver une qualité de vie et une sexualité épanouissante. Heureusement, des techniques existent pour améliorer leur confort, mais il a fallu deux ans pour que je parvienne à faire voter à l’unanimité l’Assemblée nationale, puis le Sénat, qu’une prise en charge dans le cadre des soins de support soit enfin à l’étude au cabinet du ministère de la Santé. Réponse courant 2023… »
LES CRÈMES ET LES OVULES
Objectif : hydrater l’entrée du vagin de manière superficielle.
Point fort : améliorent le confort sur le moment.
Points faibles : ne remplacent pas une hydratation naturelle et leur application doit être renouvelée à chaque rapport.
Une protection hygiénique est nécessaire.
Coût : environ 20 euros par mois.
INJECTION D’ACIDE HYALURONIQUE
Objectif : retapisser l’entrée du vagin d’une couche hydratante.
Points forts : technique indolore – nette amélioration de la sexualité – traitement efficace pendant un an.
Point faible : suppose une anesthésie locale.
Coût : entre 250 et 300 euros l’ampoule injectable.
RADIOFRÉQUENCE VAGINALE
Objectif : restaurer l’élasticité des tissus par ondes électromagnétiques.
Points forts : technique indolore – possibilité de traiter l’entrée et l’intérieur du vagin – traite toute la vulve dont le clitoris, ce qui n’est pas possible avec le laser vaginal.
Points faibles : nécessite trois séances à un mois d’intervalle, puis une séance d’entretien annuel.
Coût : entre 250 et 300 euros la séance.
PHOTOTHÉRAPIE PAR SONDE VAGINALE
Objectif : régénérer les tissus par rayons rouges et infrarouges.
Point fort : technique très douce.
Points faibles : prescription en complément d’une autre technique – nécessite six séances par an à raison d’une à deux par semaine.
Coût : entre 30 et 50 euros la séance.